Je me suis retrouvée avec du temps sur les mains cet été et j’ai décidé de lancer 30 Rock (j’ai donné sa chance à The Office US, mais malheureusement je n’ai pas réussi à accrocher après deux saisons :’/).
30 Rock a démarré en 2006 et a duré 7 saisons. Elle a marqué la suite de la carrière de Tina Fey quand elle est partie du SNL, a connu d’ailleurs de nombreux guests du live show (ainsi que des caméos d’acteurs de renom) et a participé au succès des workplace comedies en parallèle à The Office. C’est assez étrange de savoir que je n’ai jamais regardé la série car tout ce qui a pu en découler, que ce soit Unbreakable Kimmy Schmidt ou encore Great News! qui en sont de dignes héritières et produites par Tina Fey, ben je les apprécie. Mais je pense que c’était une question de timing, et j’étais beaucoup plus à fond dans les dramas que les comédies à cette époque-là.
La comédie de NBC révèle les dessous d’une émission de sketchs similaire à Saturday Night Live qui prend place à New York. Et ça tombe bien puisque l’un des producteurs exécutifs est Lorne Michaels, l’homme derrière SNL. Liz Lemon (Tina Fey) la quintessence même de la nerd démocrate est en charge des scénaristes du show, et la sitcom commence avec l’arrivée d’un nouveau directeur des programmes, Jack Donaghy (Alec Baldwin) son opposé, fier Républicain capitaliste jusqu’au bout des ongles. Autour d’eux, la troupe de leur show est composée d’une actrice blonde diva, d’un comique noir hyper excentrique et des autres scénaristes. C’est hyper malin d’avoir Tina Fey dans le rôle de sa vie puisqu’elle était headwriter du SNL juste avant. Dans son autobio Bossypants (qui est déjà dans ma bibliothèque mais que je n’ai pas eu le temps de lire encore), visiblement elle développe un peu le processus derrière la création de la série et comment notamment au départ, l’idée n’était pas d’avoir la headwriter du show comme héroïne mais bien le personnage de Jack Donaghy. Finalement, leur relation est l’une des plus belles choses qui a pu arriver. Une relation platonique qui fait ressortir le meilleur des deux partis.
Le numéro 30 du Rockfeller Plaza symbolise bien des choses dans le monde télévisuel en étant la maison du paon de NBC. Si vous passez à New York, le NBC tour vous apprend plein de choses et vous pouvez notamment mettre les pieds dans le fameux studio 8H du SNL ou encore 6B du Tonight Show de Jimmy Fallon. Même si 30 Rock n’était pas vraiment tournée au dit 30 Rock mais dans des studios de Long Island, les deux épisodes live de la saison 5 et 6 ont bien été tournés sur le plateau du studio 8H. Bref, c’est très meta, et c’est toujours un atout. D’être aussi ancrée dans la réalité, ça permet à la série de rebondir sur l’actualité très facilement et d’en faire une excellente satire de la société américaine. N’oublions pas aussi que Tina Fey a réussi à prédire le futur : le succès de Hamilton (duh!), le mur de Donald Trump, etc.
Dans une ère où #MeToo n’existait pas encore, Tina Fey faisait de son mieux comme porte étendard des femmes dans le monde de la comédie. Mais les critiques sur le plan du traitement des personnages féminins pleuvaient quand même. Et à raison. Chaque personnage a ses défauts, et les scénaristes leur faisaient dire des répliques sexistes, racistes, homophobes et toute la ribambelle. Et pourtant, ça fonctionne comme ressort humoristique car on savait qui était ce personnage, pourquoi il disait ça et qu’on connait tous une Jenna ou un Tracy. Et en sept saisons chacun a son moment de gloire comme son moment de terrible misère. En revanche, un reproche évident est de dire que Liz et Jack sont vraiment les noyaux de la série qui ne développe pas autant ses autres personnages. Ils auraient mérité un peu plus de temps comme un ensemble show, mais ce n’est pas forcément le genre. Ce qui est certain, c’est que tout le monde est exagéré voire caricatural, mais c’est ça qui marche.
30 Rock joue des formats de la sitcom classique en empruntant un format de mockumentary pour de la télé-réalité ou encore bien entendu les deux fameux épisodes live. Mais surtout, ô combien les acteurs possèdent du talent comique. Alors oui, c’est magistralement écrit et chaque personnage sort punchline sur punchline mais surtout en plus de ça, ils réussissent à faire pencher le spectateur sur des problèmes de fond. Quoi, Al Gore entend le cri à l’aide d’une baleine ? Oui, il faut aller sauver les océans ! En plus de ça, le comique de geste ! Ohlala ! Personnellement, je trouve difficile de réaliser une mise en scène drôle pour du comique de geste, mais 30 Rock y arrive, et je parle même de vomi, oui. Qui vomit quand il est trop content ? Oui, Simon Jérémi de La Cité de la peur, mais aussi Jack Donaghy !
Un mot sur les guests de dingue quand même, Julianne Moore, Carrie Fisher, Oprah, Paul McCartney… j’en passe et des meilleurs. Avec une apparence d’Aaron Sorkin, la série fait même une référence à Studio 60 on the Sunset Strip (diffusée la même année que la première saison de 30 Rock) dont le sujet était un simili du SNL en drama qui a malheureusement été annulée au bout d’une saison sous la pression, raconte-t-on, de Lorne Michaels.
Qu’est-ce que je retiens de ces 138 épisodes ? Les * gasp * * blergh * et autres onomatopées de Liz Lemon ! Que Julianne Moore imite un accent bostonien on point ! Que la phrase « Je ne suis pas là pour me faire des amis » des émissions de télé-réalité n’a pas été inventée si récemment que ça. Qu’un live show est toujours plus énergique (et que c’est pour ça que j’aime le théâtre haha) qu’un différé. Qu’on prononce « ca-meu-rah » et pas caméra comme je l’ai toujours cru :’D. Que le rêve américain est possible pour tout le monde même des gens imparfaits comme Liz Lemon. Mais surtout Kenneth the Page. Alors oui, Kenneth était irritant par moments, mais au fond, il représente tout amoureux de la télévision, et c’est un peu de chacun des sériephiles. Et 30 Rock c’est une déclaration d’amour à la télévision dans son ensemble, et c’est ce que je retiendrais le plus :’).