Sur les planches

Katharine McPhee, Jamie, Newfoundland et moi dans le West End

Comme je l’écrivais il y a quelques mois, le West End sort le grand jeu pour 2019, et j’étais obligé d’aller y faire un tour au moins une fois cette année (et vu que les billets de Dear Evan Hansen sont sortis, si la vie me le permet, j’y retournerai le 6 décembre, mais ceci est une autre histoire.)

Hasard du calendrier, il se trouve que je me suis pointé à Londres la semaine de la Theatre week, ce qui m’a permis d’ajouter une troisième comédie musicale à mon planning, des bonnes places à moindre coût. Quand on connaît le prix d’une place de théâtre, franchement, ça ne se refuse pas. Du coup, je vous fais partager mon ressenti sur ces shows qui ont tous les trois beaucoup à offrir, malgré quelques légers couacs.

Waitress

Persuadés que ça allait être la galère pour pouvoir trouver des billets, Aki et moi avions pris les nôtres il y a des mois maintenant. Le soir-même, notre premier constat a été le nombre important de fauteuils vides, ce qui nous a un peu attristés. Ça fait toujours ça quand on est super fan d’un truc et qu’on se rend compte que le monde ne partage pas forcément notre enthousiasme. Enfin bon, nous, on avait nos places, on y était, le spectacle allait commencer et il était temps d’enclencher le mode lipsync.

J’ai beaucoup aimé Waitress, l’histoire de cette serveuse/pâtissière qui tombe enceinte de son mari violent et tombe amoureuse de son gynécologue (ça parait un peu niais, mais en vrai, ça ne l’est pas autant). Mon avis est sûrement influencé par le fait que ça fait plusieurs années maintenant que je connais le spectacle et que j’écoute l’album. C’était comme enfin voir quelque chose que l’on ne pensait jamais voir.  Après, objectivement, il y a des choses qui ne vont pas dans cette production. La première, et je suis désolé pour les fans, c’est le casting de Jack McBryer en Ogie. Alors certes, il est très drôle, il maîtrise parfaitement la comédie, et même si on a l’impression de voir une copie conforme de Kenneth de 30 Rock, il nous fait quand même beaucoup rire. Cependant, et pour moi c’est rédhibitoire, il ne sait pas chanter. Alors, des acteurs qui ne savent pas chanter et qui font des comédies musicales, il y en a, surtout dans les films, mais ils arrivent toujours à chanter juste, soit par la magie du studio d’enregistrement, soit parce que, eh bien, au minimum, ils chantaient au moins juste. Dans le cas de Jack McBryer, le problème et que non seulement il ne sait pas chanter, mais qu’en plus, c’était faux. C’était très embarrassant et franchement pénible car j’adore les chansons d’Ogie.

Le deuxième couac, c’est le casting de Katharine McPhee. Alors comprenez-moi bien, je l’aime beaucoup, elle chante divinement bien, mais je ne suis pas fan d’elle au théâtre, voilà. Elle manque de présence, de charisme. Tout est trop lisse, mou, comme si elle se retenait. Du coup, l’émotion a vraiment du mal à passer. Je me souviens d’une scène en particulier, où son personnage est furieux, en rage, et j’avais envie de la secouer en lui criant « Vas-y là ! Lâche tout ! Mais hurle bon sang, hurle ! ». Donc voilà, un peu frustré. Après, le seul moment où elle a vraiment lâché prise, c’est au moment de She Used to be Mine qu’elle a merveilleusement bien chanté. Je crois que je n’aurais pas pu pardonner un raté sur cette chanson-là.

Parmi les points positifs, car il y en a quand même un paquet, je soulignerai la performance plus que réussie de David Hunter en Dr Pomatter. Le rôle lui allait à la perfection. Un comédien vraiment drôle et talentueux, je l’avais déjà beaucoup aimé en Charlie dans Kinky Boots, mais là, c’était vraiment un rôle fait pour lui. Les autres seconds rôles sont plutôt très cool aussi, la mise en scène toujours aussi sympa avec l’orchestre sur scène et ces dizaines de tartes qui tournent durant tout le spectacle. Bref, un très beau spectacle. (P.S d’Aki : et c’est trop bien qu’ils utilisent des vrais ingrédients de pâtisserie sur scène !)

Everybody’s Talking about Jamie

Si j’ai choisi cette vidéo, c’est pas par hasard. John McCrea jouait depuis deux ans le rôle de Jamie, un lycéen dont le rêve est de devenir une drag queen, comme son idole Loco Chanel. John McCrea y était brillant et semblait avoir rendu le job de son successeur quasi impossible. C’est Layton Williams (celui sur la vidéo) qui a eu la lourde tâche d’enfiler les fameux talons rouges à sa suite, et mon Dieu que ce jeune est excellent. Il dégage une énergie folle, n’a pas à rougir de ses talents d’interprète et insuffle à la comédie musicale quelque chose d’assez prodigieux. J’ai littéralement été hypnotisé à chaque fois que ce jeune de 24 ans était sur scène.

Je n’avais pas entendu que du bien de ce spectacle, et j’avoue que je rejoins un peu les critiques négatives sur certains points. La mise en scène est un peu triste. Il m’est arrivé d’être plus intéressé par les musiciens qu’on voyait tout en haut que par ce ce qui se passait sur scène. Mais pour moi, ça reste quand même un spectacle à voir si vous en avez l’occasion. Déjà parce que le message est tellement doux, mais aussi parce que le casting est vraiment bon. Rebecca McKinnis (présente depuis octobre 2018) par exemple, qui joue la mère de Jamie, a réussi à faire pleurer la salle entière au moment de chanter He’s my boy, moi le premier. De manière générale, les chansons sont très, très efficaces et la chorégraphie de l’ouverture en met plein la vue.

En résumé, oui, il en manque pour que Everybody’s Talking about Jamie soit une oeuvre d’art, mais le show n’en démérite pas et j’en suis sorti plutôt émerveillé. Chose à noter, c’était ma première matinee, et j’ai trouvé l’ambiance très différente de d’habitude. Je ne suis pas super fan, et j’aurais peut-être encore plus apprécié en soirée, mais bon, c’était une expérience intéressante.

Come From Away

Aaaaaah, Come From Away, l’art de faire énormément avec si peu, une mise en scène tellement ingénieuse, des comédiens si parfaits, une histoire tellement touchante. Je pourrais continuer longtemps comme ça.

Come From Away raconte comment Gander, la toute petite ville de Newfoundland sur une île tout à l’est du Canada, a dû s’organiser pour accueillir environ 7000 passagers (et des bonobos !) suite à la fermeture de l’espace aérien américain le 11 septembre 2001. C’est une histoire hallucinante d’entraide, de solidarité, d’humanité, de tout ce qui nous fait gagner de l’espoir en la vie. Dommage que ce genre de comportement ne ressorte souvent qu’en cas de catastrophe…

Plus incroyable encore, et c’est ce qui donne encore plus d’impact à Come From Away, c’est que c’est une histoire vraie. Alors comment interpréter des dizaines de personnages quand on est que neuf sur scène ? Eh bien, on fait appel à une mise en scène incroyable permettant aux comédiens d’interpréter plusieurs rôles. Le plus bluffant, c’est qu’à aucun moment on ne se sent perdu. On sait quel personnage s’adresse à nous et les changements sont tellement fluides qu’on les remarque à peine. Niveau décors, pas de chichis non plus, mais on arrive à nous faire voyager avec l’aide de quatre chaises et une table. Bon, j’exagère un peu, mais pas tant que ça au final.

Durant 1h40, on passe par toutes les émotions, on n’a pas le temps de s’ennuyer, tout s’enchaîne, la musique est omniprésente, c’est une véritable montagne russe qui vous emporte et ne vous lâche pas en route. Les musiciens de l’orchestre, d’habitude si discrets, même invisibles, prennent part au spectacle directement et viennent s’amuser avec les comédiens lors des quelques scènes folles de détente. Ils viennent même clôturer le show, seuls sur scène, avec Screech Out, un morceau celtique entraînant qui vous fait quitter le théâtre l’esprit tellement léger. Ahlalala. D’ailleurs, la bande originale de Come from Away emprunte beaucoup de sonorités celtes et folks enlevées et réjouissantes. Je n’oublierai quand même pas Me And the Sky de la commande de bord, une ballade merveilleusement interprétée par Rachel Tucker qui emporte toute la salle et nous laisse sans voix (ha ha).

Pour le plaisir, une petite vidéo qui représente parfaitement l’état d’esprit de Come From Away.

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