Depuis vendredi, Westside a fait son apparition dans le catalogue Netflix pour mon plus grand bonheur. Comme je n’ai pas l’impression qu’il y ait énormément de pub autour de l’émission, laissez-moi vous expliquer rapidement de quoi il s’agit. Westside, c’est une téléréalité musicale non scénarisée (je précise, car il fut un temps où la téléréalité était… réelle). Neuf jeunes artistes se réunissent autour d’un projet : la création d’un spectacle ultrapersonnel, inspiré de leurs parcours et de leurs blessures.
Le processus créatif ressemble à s’y méprendre à la création d’une comédie musicale puisque l’on passe par les phases d’ateliers de travail, de répétitions et de workshop (une sorte de représentation brute devant des investisseurs potentiels afin de réunir les fonds nécessaires pour continuer l’aventure). Ce qui est intéressant dans ce projet, c’est qu’il est difficile de mettre un nom dessus, que ce soit au niveau de la forme, car on navigue entre la comédie musicale et le concert, ou au niveau du fond puisque chaque artiste a un univers bien à lui et trouve une individualité dans un spectacle pourtant de groupe. On assiste alors à une série de concerts individuels liés par des éléments de cohésion et une trame unique : se mettre à nu devant le public. Le titre du spectacle sera d’ailleurs « Naked ».
Contrairement a beaucoup d’émissions de téléréalité, ici, il n’y a pas de compétition, et c’est ce que j’ai particulièrement apprécié. Ils sont tous dans le même bateau, leur but est de survivre au processus créatif et de construire ensemble un spectacle unique qui devrait leur permettre de pérenniser un peu leur vie en tant qu’artistes. Ils partagent avec les autres des choses qu’ils n’ont jamais avouées à personne et une cohésion formidable se forme entre eux malgré leur parcours et leurs styles si différents.
Ça reste quand même une téléréalité, le casting est donc primordial. On a besoin de jeunes qui ont des choses à dire, et surtout, du talent. Du talent, ça ils en ont, et des choses à dire, Westside n’y va pas avec le dos de la cuillère, quitte à en faire bien trop par moment. Drogue, alcoolisme, viol, fausse couche, anxiété, rejet et j’en passe, oui, l’émission adore tenter de nous faire pleurer au risque de tomber dans la surenchère. Et des fois, l’impression d’être devant des scènes scénarisées n’est pas loin. Du coup, on met en doute la sincérité du montage et du show en lui-même. On a beau être devant une aventure humaine, on n’oublie pas que les producteurs sont là pour faire du pognon et qu’il faut que le résultat soit accrocheur. Les scènes de clip over-produits qui s’insèrent dans les épisodes n’arrangent pas forcément les choses. Mais vous savez quoi ? J’ai fait avec et Westside a fini par me gagner à sa cause.
Alors oui, le too much est souvent présent, notamment avec James et Austin que vous allez probablement détester à un moment ou un autre. Oui, les histoires de certains chanteurs sont vraiment dures et l’impudeur rôde dans de nombreuses scènes, mais le résultat reste quand même tellement positif. On ressent le besoin de ces artistes de réussir et d’être aimés. Leur peur de l’échec est si palpable qu’il en devient douloureux et leur évolution au fil des épisodes est ce qu’il y a de plus émouvant. Les doutes et les peurs vont et viennent et chaque succès, aussi mince soit-il, les rapprochent un peu plus du bout du tunnel.
Au-delà de l’aspect humain, ce qui m’a réellement intéressé durant Westside, c’est tout le processus créatif derrière ce spectacle. Les débuts sont un peu difficiles, on ne comprend pas trop où ils vont et ce qu’ils souhaitent faire, mais lorsque la machine est réellement lancée, on peut voir le boulot du directeur artistique et l’utilité de chaque étape et de chaque séance, quelle soit de groupe ou individuelle. Petit à petit, on voit se matérialiser une idée, un concept, un spectacle qui n’existait que dans le tête de son créateur.
Pour moi, malgré ses défauts, Westside a le potentiel d’être un énorme hit si on l’aide un peu. J’espère d’ailleurs qu’on aura rapidement une suite, j’ai tout mangé en moins de deux jours parce que je suis un mauvais garçon et que j’ai pas de vie, et je suis déjà en manque.