Alors que la deuxième saison de The Resident vient de débuter sur la FOX, de mon côté, je viens à peine de terminer la première. Je ne pensais pas regarder au départ, la pensant condamnée d’avance, mais son renouvellement m’a poussé à tenter l’expérience et je ne le regrette absolument pas.
Alors oui, je sais, une série médicale avec un pitch qui commence par « un jeune médecin brillant mais arrogant blablabla », ça commence mal. Moi-même j’étais pas franchement excité par le truc tellement on a l’impression d’avoir vu ça des dizaines de fois, que ce soit dans le milieu médical, judiciaire ou encore policier. Mais en vérité, The Resident a su trouver l’angle qui fait d’elle une série médicale pas comme les autres.
La maladie rapporte un max de pognon
C’est le premier constat que l’on fait devant The Resident. C’est la première série médicale que je regarde qui fait preuve d’un tel cynisme et probablement d’un certain réalisme sur ce point-là. Laissez-moi vous expliquer où je veux en venir. Alors que, dans la plupart des séries, on voit des médecins, des chirurgiens, des chefs d’hôpital se battre pour secourir les plus faibles et soigner tous les patients sans exception, ici, on est confrontés à la réalité financière du système de santé américain. L’hôpital est dirigé par un PDG qui doit rendre des comptes à des investisseurs. Les malades, les traitements, les infrastructures, tout est pensé pour que ça rapporte un maximum de fric. On essaie d’appâter les grandes fortunes, d’éviter les procès, de faire payer un max les assurés quitte à leur prescrire des examens dont ils n’ont pas besoin et de se débarrasser des pauvres qui ne rapporteront pas un rond. Pour prendre un exemple qui ne spoilera pas les intrigues, dans un épisode, on découvre que certains hôpitaux n’hésitent pas à dégager des patients qui n’ont pas de couverture sociale en les jetant devant les portes d’un hôpital voisin alors même qu’ils sont dans un état critique. C’est terrible de penser que ça peut exister, mais ça ne vient probablement pas de l’unique imagination des scénaristes, et si on se penche deux minutes sur l’aspect financier de la médecine, eh bien, ça n’étonne malheureusement pas. Donc, en se lançant dans The Resident, on découvre les ailes VIP pour les patients fortunés, les conséquences de la prise en charge de patients non couverts, les magouilles entre hôpitaux qui se traduisent parfois par de véritables enchères sur la vie de gens, la pression des investisseurs, la compétition entre les structures de santé. Bref, tout ce qui est moche et qui sent mauvais.
Mais… mais… c’est un primetime soap à l’ancienne !
Je ne l’ai pas compris tout de suite, car je ne m’étais absolument pas renseigné sur la série avant de la lancer, mais au fil des épisodes, The Resident devient un véritable soap avec tous les ingrédients que l’on adore (ou que l’on déteste, mais bon, c’est dommage de détester les soap lorsqu’ils sont réussis). Ce qui m’a le plus agréablement surpris dans cette histoire, c’est l’apparition au fil du temps de véritable méchants. Des Bobby de la médecine, des Abby du bistouri, des Kimberly des brancards, bon okay, j’arrête. Si on comprend vite que le Dr Bell est la véritable pourriture de la série, un criminel en blouse blanche qui protégera son égo et sa réputation coûte que coûte, c’est le personnage de Lane Hunter qui va réellement marquer cette saison une. Melina Kanakaredes est celle que l’on retiendra, complètement à contre emploi pour moi qui l’ai toujours vue dans des rôles de « gentilles » (Providence, CSI : NY). Elle impressionne dans ce rôle. Son personnage force d’abord le respect et finit par faire trembler les murs du Chastain Park Memorial Hospital. L’actrice fait un boulot formidable avec son personnage et deviendra une de mes références en termes de méchants de séries. Du coup, qui dit méchants, dit complots, luttes de pouvoir, retournement de situations etc. Tout ça dans le milieu médical, ça donne un résultat qu’on n’a pas forcément l’habitude de voir à la télé. Il y a certains moments où on se demande si les scénaristes ne vont pas trop loin dans le soap, surtout vers la fin, mais s’ils y vont à fond, ça ne me dérange pas. Je pars du principe que tout peut être apprécié et appréciable lorsque c’est assumé et ça a l’air d’être le cas ici.
Des méchants tops, mais des gentils…flops
C’est là mon plus gros reproche à la série. Je comprends bien qu’il est plus facile d’écrire les personnages de méchants que ceux des gentils, mais ils auraient pu mieux faire. Alors, j’ai beaucoup, mais alors beaucoup de sympathie pour Matt Czuchry et pour Emily VanCamp. Si ça n’avait pas été eux, probablement que j’aurais eu bien plus de mal à suivre leur périple au départ. Czuchry joue le fameux génie insolant qu’on a déjà vu quarante fois et Emily joue encore une jeune et gentille fille, avec sa voix douce et son regard irrésistible. Si on me disait que Rebecca de Brothers & Sisters ou Amy de Everwood est devenue infirmière et bosse maintenant à Atlanta, je le croirais sans problème, on dirait les mêmes. Soyons honnête, même dans Revenge, elle dégageait la même chose. Le Dr Okafor est un peu la Cristina Yang de The Resident, le prodige brut de décoffrage avec un coeur de pierre, mais en fait pas vraiment. Du coup, c’est pas très original et on a déjà vu bien mieux ailleurs. Enfin vient le Dr Pravesh, un peu le pompon. Il attire forcément la sympathie avec sa tête de jeune premier, mais il est tellement ennuyeux. De temps en temps, quelques traits de caractère intéressants apparaissent, mais c’est trop peu, trop vague et le tout est un peu plat. Bon, l’avantage, c’est qu’aucun d’eux n’est insupportable et ne donne envie de jeter la télé par la fenêtre.
The Resident est quand même une réelle bonne surprise, notamment dans l’écriture en poupée russe que j’affectionne particulièrement. On a du stand alone, de l’arc narratif de 2-3 épisodes et un fil rouge de saison. Le côté soap assumé qui se dévoile petit à petit est ce que je retiens principalement et c’est aussi ce qui va me faire revenir en saison 2. L’angle choisit pour traiter de la médecine américaine est aussi ce qui permet à la série de se démarquer des autres et ce pour quoi elle mérite qu’on y jette un oeil. Comme quoi, les bonnes séries ne sont jamais là où on les attend !