Dans les salles

« Crazy Rich Asians » de la peur d’être déçue à la meilleure surprise de la rentrée

Crazy Rich Qui ?

Crazy Rich Asians… un titre qui fait dresser mes poils de bras. Depuis plusieurs mois, je lis des articles sur la Toile sur l’adaptation du roman chick-lit de Kevin Kwan. Et plusieurs m’ont fait frissonner et certains m’ont carrément fait monter les larmes aux yeux. Il était important que le film marche à mes yeux, même si je ne comprenais pas vraiment pourquoi. Je suppose que je l’ai compris en lisant un article du Hollywood Reporter. Dans cet article, Awkwafina dit : « When they do screenings, a lot of Asian-American people have this overwhelming urge to cry. And they don’t know exactly why » (« Lorsqu’ils voient le film, de nombreux Américano-Asiatiques ont ce besoin irrésistible de pleurer. Et ils ne savent pas exactement pourquoi. ») Well. Yup. Si rien qu’en lisant les différents articles j’ai eu envie de pleurer, je peux comprendre sa remarque… En simplifiant, ça pourrait juste être une histoire de représentation. En allant plus loin, ça pourrait être la satisfaction d’être valorisé dans les médias. En restant cynique, ça pourrait juste être la preuve que les Asiates peuvent ramener des sous à Hollywood.

Ce bouquin en lui-même, j’en avais entendu parler lors de la saison 1 de Fresh Off The Boat (oui, univers asiatique, etc., etc.) mais je n’avais jamais vraiment eu la curiosité de le lire avant de savoir que le film allait sortir. Après avoir lu le tome 1 (il s’agit d’une trilogie), je peux dire objectivement qu’il n’est pas exceptionnel. Les intrications généalogiques sont dignes d’un Tolkien, alors il est difficile de reconnaître les différents personnages. Et je dis ça en ayant plus ou moins l’habitude des noms à consonance asiatique, alors je n’imagine pas pour le pauvre Caucasien qui ne distingue pas entre les Wu et les Lu ou encore Chen et les Cheng. Mais le concept de base reste solide et l’auteur a réussi à gagner une petite fanbase.

Alors qu’est-ce que ça raconte en fait ? Rachel et Nick sortent ensemble depuis un an, ils sont tous les deux profs à l’université de New York et sont fous amoureux. Nick décide qu’il est temps que sa tendre moitié fasse la connaissance de sa famille à Singapour à l’occasion du mariage de son meilleur ami. Sauf qu’il ne la prévient pas vraiment de ce qui l’attend…

Un casting plus que parfait…

Si j’ai mentionné Fresh Off The Boat, ce n’est pas par hasard. Quand le casting officiel n’était pas encore annoncé, j’imaginais déjà Constance Wu dans le rôle principal. Si elle ne prêtait pas ses traits à la pétillante et battante Rachel Chu, je ne voyais pas qui d’autre pouvait le faire ! (Comment ça, c’est parce que je déteste toutes les autres actrices Américano-Asiatiques ?! C’est faux. Awkwafina a l’air sympa aussi.) Alors je ne dis pas mon cri de joie quand j’ai su qu’elle avait le rôle, et qu’en plus de ça, Michelle « Tigre et Dragon » Yeoh allait camper la matriarche ennemie, mais pas la tiger mom habituelle, attention. Je n’en pouvais plus d’impatience ! Et l’élégante Gemma Chan en Astrid ? Évidemment ! Quand sortait le film déjà ?! (Sachant que la date de sortie a été repoussée au 7 novembre en France…) Enfin, Henry Golding est une bonne révélation que je suis curieuse de revoir dans A Simple Favor.

À de nombreuses reprises, on peut entendre du cantonais et du mandarin, et pour les personnes qui trouveraient bizarre que les jeunes parlent anglais entre eux… eh bien, non, pas vraiment. Ils tous été élevés en Angleterre ou dans je ne sais quel pensionnat à l’étranger, alors même quand vous êtes bilingues, généralement vous parlez avec la langue avec laquelle vous avez grandi au quotidien quand vous parlez avec vos potes (je pense que plusieurs personnes peuvent se reconnaître là-dedans).

Pour une rom-com moderne dans la communauté AZN

Dire que les Asiatiques dans leur globalité représentent un quart de la population mondiale, on se dit qu’il y a un marché plus que non-négligeable. Eh oui, l’AZN community (terme qui était déjà passé de mode en 2007 quand j’ai commencé à l’utiliser…). Alors il était temps qu’Hollywood fasse un pas. Après plusieurs productions 100% Afro-Américaines ou encore Hispano-Américaines, voilà enfin les Américano-Asiatiques ! Et avec Crazy Rich Asians, ce n’est pas un petit pas. C’est la démesure complète. Vous pensiez avoir vu de l’extravagance et de la richesse avec Fifty Shades of Grey, ou encore Clueless ou Iron Man ? Vous ne connaissez pas l’élite de Singapour (et encore, je pense qu’on gratte à peine cette surface dans l’histoire)… De la démesure à tous les niveaux, le film réussit à retranscrire cette abondance tant dans les décors que dans les costumes, et franchement, chapeau bas pour avoir fait passer tout ça dans un budget estimé à 30 millions de dollars.

Et les scénaristes jouent à fond le jeu du cliché sur fond de vérité, j’aimerais pouvoir dire « non, le coup de la décoration d’intérieur copiée sur Versailles, c’est absolument cliché et faux », malheureusement j’ai déjà croisé la route de quelqu’un qui m’a sorti ça… donc je dirais que la blague fait mouche et qu’elle est tout à fait plausible. Et l’abus total des fuerdai, les riches de seconde génération représentés par les Eddie et les Bernard dans le film, sont un autre aspect complètement véridique de la situation asiatique. Je termine sur le moment WTF IS HAPPENING?! du mariage, je ne suis pas sûre de vouloir être invitée à ce genre de cérémonie un jour.

La meilleure dans tout ça reste Rachel, oui, une vraie banane (jaune à l’extérieur, blanche à l’intérieur… eh oui, je me sens concernée). Qui vogue au milieu des requins comme une experte, qui s’adapte et qui reste elle-même. Une vraie héroïne de rom-com en somme ! J’approuve également la bande sonore à majorité chinoise qui m’a fait découvrir quelques reprises de titres US bien connus.

Alors verdict ?

Pour être franche, je ne sais pas si j’étais tout simplement obligée d’aimer Crazy Rich Asians à cause de son existence même, ou à cause des acteurs, même s’il s’était avéré être un film raté. Heureusement, je n’ai pas à me poser la question, car c’est un excellent divertissement qui ne tombe pas dans le too much (alors que Dieu sait si le cadre s’y prête) ou alors toujours avec tact.

Mais au fond, ça reste une rom-com. Alors oui, on connaît d’avance la fin, mais la beauté reste le voyage pour y arriver, non ? Et durant ce voyage, il y a du drame, des larmes et des rires, des solides amitiés et des bonnes surprises !

Si je peux signaler un seul point qui m’a un peu fait sourciller je l’avoue, c’est la qualité médiocre des dialogues automatisés pré-enregistrés. Euh, les lèvres ne suivent pas du tout, et ça se voit même quand les persos sont de profil ! Et je ne comprends pas pourquoi ils ont tant travaillé l’accent anglais/américain alors qu’ils pouvaient laisser transparaître plus d’accents asiatiques… Enfin, j’espère que ça ne choquera personne d’autre.

Le paragraphe spoiler pour ceux qui ont lu le livre

Le réalisateur Jon Chu a été assez malin avec les scénaristes sur les coupures faites pour l’adaptation. Notamment, Peik Lin qui sert beaucoup plus de comic relief et qui sait directement qui est la famille de Nick. Ça permet d’accélérer l’action, d’expliquer plus de choses sans perdre de temps et de la lier à Nick d’une certaine manière.

Petit regret concernant l’arc d’Astrid quand même (qui est adorable même pour un personnage secondaire, j’ai juste envie de la réconforter en la traitant normalement…) dont le mari la trompe vraiment. Peut-être que d’autres scènes ont été tournées puis coupées, mais ça donne un visage différent à Michael et même à Astrid.

Il y a évidemment d’autres libertés par rapport à l’œuvre originale, mais rien de bien méchant !

Bon, tout ça m’a donné envie de manger des raviolis et des dim sum… et de voir plus d’Asiates à l’écran, même si c’est dans un teen-movie à la À tous les garçons que j’ai aimés !

(P.S. : ça manque d’un « j’ai bien riz quand même » dans cette critique !)

Un commentaire sur “« Crazy Rich Asians » de la peur d’être déçue à la meilleure surprise de la rentrée

  1. Merci pour cette review de banane! Vivement sa sortie en France. J’espère que le film sera aussi une ouverture vers la culture asiatique et plus particulièrement de la culture chinoise vu par le prisme de la diaspora, ce qui était bien représenté dans le livre avec les expressions en cantonais, hokkien, teochew, malais etc…

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