Nolife style

Le jour où j’ai réalisé que j’étais devenue une adulte et que ce n’était pas grave

Cet article-là, ça va être purement du 3615mylife et le titre de l’article parle de lui-même. J’ai un certain âge. J’ai surtout l’impression d’être âgée dans ma tête dans le sens où je me sens vieille avec une routine de senior, avec des comportements de mémé (avec sa tisane le soir) et d’être réac face au changement comme certains membres du troisième âge (quoi, changer les choses ?! Non, merci). J’ai toujours eu l’habitude de me donner un an supplémentaire quand je donnais mon âge en plus, car dans la culture chinoise, quand tu donnes ton âge tu dis « je suis dans ma Xe année », donc l’âge que tu vas avoir quand ton anniversaire arrivera. Bref, j’ai 28 ans.

Seulement, même après avoir dit tout ça, jamais je me suis considéré comme une « adulte » pas tant au niveau des responsabilités que ça implique, mais plus pour le côté « la peur de vieillir » (pas de mourir, ça m’indiffère au plus haut point, mais vieillir, c’est une autre histoire). Paradoxalement depuis toujours, je traînais avec moi la peur de ne pas grandir et de rester une éternelle ado (je gère mal les gens avec un syndrome de Peter Pan par exemple). Et il y a environ trois mois, j’ai réalisé qu’en fait, j’ai fini par devenir une adulte et ce n’est pas la fin du monde. Le plus étonnant pour moi, c’est que ça a été littéralement du jour au lendemain. Ça n’a pas été évolutif comme on me l’a toujours fait croire (même si c’est le cumul de plusieurs choses), et ça n’a pas été non plus le jour où j’ai rempli mes impôts pour la première fois ou quand j’ai commencé à cuisiner mes repas pour moi-même (enfin, ça, je le fais toujours pas autant qu’il le faudrait). Non, ça a vraiment été au détour d’une conversation où je me suis dit intérieurement « ça y est, j’ai l’intime conviction qu’aujourd’hui, à cet instant T, je suis définitivement une adulte ».

Sur le coup, ça m’a rendue triste. Ça voulait dire pour moi que je n’avais plus le droit d’être innocente car « être adulte » comprend cette connotation négative de perte de croyance (irrationnel), d’obligations chiantes et d’entendre les gens dire « ça va, t’es jeune encore ». Ensuite ça m’a encore plus fait flipper car ça voulait dire que je vieillissais carrément. Puis ça m’a rassurée. En fait, ça ne changeait pas grand-chose. En soi, mon comportement ne s’est pas transformé du jour au lendemain, point du tout, mais mon esprit en revanche a juste intégré le fait que maintenant, j’étais une « vraie » adulte. Et en plus, je suis une optimiste !

Comment je me suis rendu compte de mon adulterie ? Adultesse ? Oh my God, est-ce que ça veut dire que l’adultère est un passage obligatoire quand t’es adulte ?! (okay, je sors) Bref, oui, donc comment j’ai réalisé que j’avais passé la phase de jeune adulte ? Déjà, ça fait quelques temps que j’ai accepté que je traversais cette fameuse crise du quart de siècle touchant les jeunes qui viennent de rentrer dans la vie active et qui se sentent paumés. Je veux dire, j’avais adoré Underemployed (la série annulée de MTV) il y a quelques années car je trouvais que ça reflétait carrément ma vie. Effectivement, j’ignore sur quoi va aboutir mon boulot ou ce que je peux en tirer, ou surtout si ça sert à quelque chose de bosser autre qu’à avoir des sous à la fin du mois. Puis évidemment, j’ai un sacré complexe d’infériorité face à des potes ou à des connaissances qui ont fait 10 000 trucs de plus que moi. Bien sûr que je me demande il est où le bonheur, il est où ? En plus de ça je ne suis pas sûre de vraiment me connaître… Mais j’ai toujours pensé que c’était un passage obligatoire pour tous les gamins de notre âge (car oui, je considère encore tous les gens autour du quart de siècle comme des gamins) comme lorsqu’on était adolescent et qu’on pensait que personne d’autre ne pouvait nous comprendre ou ressentir ce qu’on ressentait à l’époque. Et aujourd’hui, même si je pense encore tout ça, je le fais avec un peu plus de recul et de « c’est pas grave ». Advienne que pourra !

Au-delà de mon état d’esprit personnel, dans mes groupes de potes, les conversations glissaient insidieusement… (ben oui, ils grandissent en même temps que moi) quand on plaisantait sur comment changer le monde il y a quelques années, on donnait des arguments utopiques et surréalistes tout en critiquant tous les politiques. Aujourd’hui, on se plaint du gouvernement, mais adieu les débats complètement insensés qui font place à des débats plus construits, plus orientés selon nos propres convictions politiques et les personnes soutenues. Oui, nos consciences politiques se sont aiguisées, et on a grandi. Et je ne parle pas des horloges biologiques de tout le monde, entre les propriétaires, les mariés, celles qui envisagent très sérieusement d’avoir des enfants… des discussions d’adultes dont certaines me paraissent complètement inintéressantes à d’autres complètement pertinentes.

Dans mon entourage, des gens pointeront le fait que je ne suis pas autonome financièrement dans le sens où je vis au-dessus de mes moyens car ma mère me couvre une partie de mes frais. Et j’ai envie de répondre qu’effectivement, j’ai cette chance mais je considère ce privilège (et j’en ai conscience) mais en aucun ça enlève de mon adulterie (même l’emploi de termes inventés ne le permet pas !).

Ça se trouve que ce concept d’être adulte est juste un mythe qu’on inculque aux gosses pour qu’ils obéissent à leurs parents, et je suis tombée dans le piège. Mais pour le coup, ça ne me dérange pas tant que ça d’être tombée dedans et d’avoir craint cette idée car au moins, aujourd’hui, je suis apaisée. J’assume d’avoir grandi.

En vrai, tout ça pour dire que cette conviction intime ne va pas du tout me faire changer de comportement comme arrêter de binger des séries tout un week-end ou ne plus lire des romans pour ados, ou apprendre des plus jeunes que moi. Ça ne veut pas non plus dire que j’ai arrêté de croire que ma lettre pour Poudlard finira par arriver. Je peux dire haut et fort que j’oublie encore quelles sont les dates butoirs pour les impôts. Mais ça me rassure tout simplement. Ça me rassure de savoir que finalement, comme on me l’a dit, je suis assez armée comme adulte pour vivre ma vie alors que je suis en pleine crise du quart de siècle.

(P.S. : option B, la technique de l’autruche, ça marche aussi.)

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