En ce moment, même si j’ai mes séries et mes films à rattraper, je m’intéresse beaucoup au catalogue documentaire de Netflix. Je ne m’étais jamais vraiment penché dessus auparavant car comme d’habitude, je ne dépassais jamais la question de « par quoi commencer »… Mais cette fois-ci, c’est fait, et j’en profite pour partager quatre docus assez récents qui valent le coup d’œil.
Alors qu’est-ce qu’on peut regarder une fois qu’on a visionné les films classiques comme Blackfish, The Mask We Live In ou autre Blue Planet ? Eh bien on passe aux docu-séries mais pas uniquement à Making A Murderer…
Dark Net (pour les fans de Black Mirror)
Le thème ici est évidemment le développement technologique avec l’utilisation d’Internet, mais surtout dans ses possibilités extrêmes entre les bons et les mauvais. En soi, ça ne parle pas uniquement du deep web, mais vraiment du côté obscur du net en gros. Ça va des social justice warriors à la pédo-pornographie en passant par les améliorations bioniques et plein de sujets passionnants. C’est l’illustration concrète de la théorie de Paul Virilio où en gros quand on crée quelque chose, on crée forcément son accident (aka les excès en l’occurrence). Chacun des thèmes pourrait être un épisode de Black Mirror en tout cas, et les créateurs en ont sûrement profité.
Et je dois avouer que chacun des huit épisodes de Darknet m’a fascinée, certains m’ont mis mal à l’aise, d’autres m’ont fait pleurer ou encore énerver. S’ils ont un point commun, c’est qu’ils entraînent fortement à débattre, du coup j’ai forcé des potes à le regarder haha. Ça peut engendrer des discussions fort sympathiques. Visiblement, une saison 2 est sortie, mais pas encore dispo sur Netflix.
Globalement, j’ai bien aimé le style un peu « maison » mais aussi académique, voix off de la personne qu’on voit à l’écran, enchaînement de plusieurs portraits, j’approuve la tentative de trouver des liens (parfois ténus) pour faire la transition entre les différents sujets… bref, y a de la bonne volonté derrière ce projet !
Mon seul gros bémol c’est que Dark Net aborde bien trop de sujets pour une seule série. Chaque sujet aurait mérité plus de recherches pour durer un épisode entier. En l’occurrence, chaque épisode est découpé en trois sujets différents. Donc on ne fait que survoler ces thèmes sans vraiment creuser en profondeur.
Wormwood (pour les amateurs de docu-séries avec reconstitution)
Wormwood est la dernière création en date du légendaire Errol Morris qui avait réalisé The Thin Blue Line en 1988 (autour d’une erreur judiciaire). Sa particularité repose principalement dans son style. Il amène l’art visuel dans le documentaire. On n’est pas seulement en train d’écouter des « têtes parlantes », non, il y a une signature indéniable avec une recherche de dingue.
Dans Wormwood, Errol Morris nous plonge cette fois-ci dans un scandale du gouvernement américain. Dans les années 50, pour tester les effets du LSD, plusieurs scientifiques de la CIA consommaient la drogue pour mieux la comprendre. Ça a entraîné la defenestration de l’un d’eux, Frank Olson, classé comme un cas de suicide. Tout ça bien entendu a été étouffé à l’époque jusque dans les années 70 où finalement des résultats bien différents sont apparus. C’est à ce moment-là que la famille Olson a décidé de poursuivre le gouvernement en justice.
Il recrute Peter Skaarsgard et Molly Parker pour ses scènes reconstituées et l’atmosphère, mon Dieu, on se sent complètement étouffé et sous LSD. Pour le coup, y a rien d’artisanal dans Wormwood, toute la production est pensée au détail près et c’est de la grande maîtrise.
Au début, l’histoire ne m’intéressait que vaguement. Je ne suis pas du tout fascinée par les dossiers criminels à la The Keepers, The Confession Tapes ou bien entendu Making A Murderer, je pense que je préfère des sujets moins morbides (j’aime pas les romans policiers par ex). Je connaissais Errol Morris de nom et je m’étais dit que pour me cultiver un peu, autant regarder son dernier docu. Eh bien, il faut l’avouer, c’est une ponte du documentaire pour une raison. On lui pardonne d’apparaître à l’écran alors que le propre de l’intervieweur est de se faire oublier, on lui pardonne les longueurs et les longs silences car on a besoin de ce temps pour récupérer nous-mêmes… Oui, c’est puissant à ce point.
Rotten (pour ceux qui aiment manger)
Comme dit plus haut, je n’aime pas vraiment les histoires criminelles, mais Rotten, c’est un peu le mix parfait entre nourriture et crime haha. Eh oui, on parle ici des scandales alimentaires mélangés à des crimes concernant le secteur agro-alimentaire complètement véridiques. Le gros point fort de cette série c’est que pour une fois, on n’est pas focalisé sur les États-Unis (contrairement à la plupart de ces docus).
On parle de poulet, de cacahuète, d’abeille, d’ail, autant d’aliments produits quotidiennement mais qui cachent une histoire derrière. Et pour le coup, un sujet par épisode, 6 épisodes au total, des découvertes et des révélations à la source. Le point de vue n’est pas cantonné au petit producteur d’un village ou à la grosse corporation, non, des experts et des histoires personnelles viennent rythmer les épisodes.
Le but de Rotten n’est pas de changer les habitudes de consommation en culpabilisant le consommateur, mais plus de sensibiliser sur certains sujets et partir en quête de vérité. C’est pour ça qu’on peut la rapprocher des docu-séries du genre criminel mais dans un secteur qui a tendance à montrer que le strass et le glam avec des titres comme Ugly Delicious ou même le mythique Chef’s Table (que je regarde aussi, hein).
Louis Theroux TOUT (le mec s’est créé une marque autour de son style de docu)
Louis Theroux, c’est un Américano-britannique (ou un Britannico-américain ?) qui se présente en disant « Je m’appelle Louis, je fais des documentaires pour la BBC » (malheureusement, ça ne semble pas être dispo sur le store FR, mais y a des vidéos qui traînent sur YouTube). Oui, c’est bien quelqu’un de la famille de Justin Theroux, son cousin pour être précise. La preuve :
Bref, tout ça pour dire que ce mec, c’est un peu une légende en soi. Une première incursion dans le domaine de Louis Theroux et je conseille vachement les Weird Weekends même s’ils peuvent apparaître un chouïa obsolètes (ça date de 98, mais la différence entre à l’époque et aujourd’hui est vachement intéressante, notamment avec l’épisode sur les acteurs porno). Plus récemment, il a fait un film sur la scientologie, et je suis très curieuse de savoir sur quoi il penche en ce moment.
Je sais que c’est pas aussi récent que les autres docu-séries citées, mais je veux dire, y a tellement de choses à rattraper entre les LA Stories et le reste que ça fait déjà quelques heures de visionnage. Theroux joue parfois le rôle du naïf (alors que clairement, il a potassé son sujet avant d’aller sur le terrain) et sait quoi pécher comme info. C’est impressionnant de facilité quand il parle. Pour le format des Weird Weekends (je les ai vraiment adorés, c’est intelligent, complètement WTF, et juste si authentique), je suppose qu’il part juste avec son caméraman et une fois qu’il a un contact sur place, il réussit à dénicher d’autres histoires. Il a un sens de l’improvisation incroyable. Je ne dis pas que ces sujets vont changer le monde ou sont particulièrement inspirants (non, pour ça je regarde les Cher Corps de Léa Bordier sur YouTube hihi), mais la manière qu’il a de faire sortir les réponses qu’il veut, c’est un talent.
Certes, aujourd’hui il est plus posé et moins foufou, mais néanmoins ses questions n’en sont pas moins tranchantes et pertinentes.
Plus récemment au Royaume-Uni, Stacey Dooley sur la BBC également suit le schéma de Theroux, et j’espère pour elle qu’elle arrivera aussi loin.
Et voilà quatre docu-séries qui pourront peut-être assouvir votre soif de connaissance !
(P.S. : c’est clairement un petit échantillon de tout ce qu’il y a sur Netflix. En plus, maintenant la plateforme sort des formats vraiment chouettes, je pense à The Mortified Guide qui ne rentre pas dans les catégories classiques de docu d’observation, mais qui est encore plus identifiable. Je l’ai pas finie encore sinon elle ferait sûrement partie de ma sélection.)